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CHAP. V. — HELLÉNISME ET CHRISTIANISME

héréditaire dans la famille[1]. Galien fut élevé par lui jusqu’à l’âge de quatorze ans, et il a rendu un témoignage plein de reconnaissance à la modération de son âme et à la rectitude de son intelligence[2]. À quinze ans, il suivit, à Pergame même, les leçons d’un Stoïcien, d’un Platonicien, d’un Péripatéticien et d’un Épicurien. Son père le conduisait lui-même chez ces maîtres, assistait avec lui à leurs cours et l’empêchait de s’abandonner à aucune secte exclusivement ; en même temps, il l’exerçait à la dialectique par des démonstrations de géométrie pure et appliquée[3]. Ainsi formé, le jeune Galien restait fort indépendant à l’égard de ses maîtres, et, bien plus tard, dans sa vieillesse, il put se vanter de n’avoir jamais donné son acquiescement à la légère[4]. Quand il devint homme, l’éducation qu’il avait reçue le rendait apte presque également à toute profession libérale : il était préparé à la philosophie, à la rhétorique, aux sciences mathématiques et naturelles. Sa fortune d’ailleurs lui permettait de choisir selon ses goûts[5]. Mais, dès l’âge de dix-sept ans, son père, obéissant à un songe, lui avait fait étudier la médecine en même temps que la philosophie[6]. Ce fut cette science qu’il préféra.

Après avoir été, probablement à Pergame même, le disciple du médecin Satyros, il se rendit à Smyrne pour

  1. Sur ses propres écrits, c. II : Ὑπὸ πατρὶ παιδευόμενος ἀπὸ πάππου τε καὶ προπάππου διαδεγμένῳ τὴν θεωρίαν.
  2. Sur les passions, c. 8. Dans le même passage, il accuse en revanche, avec peu de discrétion, le caractère emporté de sa mère, qui « criait, mordait ses servantes, et bataillait contre son mari plus que Xanthippe contre Socrate. »
  3. ibid. Cf. Sur l’ordre de ses écrits, c. 4.
  4. Sur les erreurs, c. 3. Les élèves intelligents et bien formés, dit-il, se moquent des maîtres légers, καθάπερ ἐγώ πολλῶν διδασκάλων ἔτι μειράκιον ὧν ὑπερεφρόνησα. Même traité, c. 6, à propos de la précipitation : Ἐγώ μὲν σοὶ λέγω μόνῳ· οὐδεὶς ἐχει με δεῖξαι τοιοῦτον ποτ’ ἐσφαλμένον οὐδέν.
  5. Sur Les passions, c. 8.
  6. Sur l’ordre de ses écrits, c. 4.