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CHAP. VI. — DE SEPTIME SÉVÈRE À DIOCLÉTIEN

récit. Par là, ce livre se faisait lire, malgré l’enchevêtrement des événements ; de plus, ajoute le même auteur, on avait la satisfaction d’y voir les méchants punis et les innocents justifiés. Curieux mélange, en somme, de morale et de magie, de rêveries mystiques et de fantastiques inventions.

La vraie nature du roman semble s’être dégagée plus nettement dans les Babyloniques de Jamblichos dont le texte malheureusement n’est pas venu jusqu’à nous[1]. Né en Syrie, et de race syrienne, l’auteur devint grec par l’effet de son éducation : il semble même avoir été professeur de rhétorique grecque. Dans son roman, il se donnait pour babylonien ; c’était un moyen, sans doute, d’avoir plus d’autorité dans les choses babyloniennes. D’après une notice biographique anonyme, il aurait été instruit de la langue, des mœurs et des traditions du pays de Babylone par un prisonnier de guerre qui fut son éducateur. Quelle est dans ces renseignements la part de la fiction ? nous l’ignorons : en fait, le récit qu’il a écrit ne demandait aucune information bien particulière[2]. Ce qui est certain par son propre témoignage, c’est qu’il le composa sous le règne de Marc-Aurèle, après la guerre des Parthes, par conséquent entre 166 et 180[3].

  1. Suidas, Ἰάμϐλιχος. — Photius, 94. Les renseignements biographiques sont au milieu de l’analyse (p. 75, Bekker ; Hercher, Erot. Scrip. Or., t. I, p. 225) ; évidemment Jamblichos les donnait là dans son récit ; mais ils doivent étre contrôlés à l’aide de la notice marginale du Venetus, 450, reproduite dans le Photius de Bekker, p. 73, note 24. — E. Rohde, Gr. Rom., p. 361.
  2. L’analyse de Photius doit être lue dans l’édition des Erotici græci de Hercher, t. I, p. 225 et suiv. — Voir en outre : 1° les fragments réunis dans le même volume, p. 217-220 ; 2° ceux qui ont été ajoutés après coup en tête du second volume, p. 64-67 ; 3° enfin ceux qui ont été publiés par H. Hinck, à la suite des Polemoni declamationes, Lipsiæ, 1873 (p. 46-51).
  3. Selon Suidas, les Babyloniques avaient 39 livres ; mais l’analyse