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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/839

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LE NÉOPLATONISME ; PLOTIN

nous la retrouvons toujours hésitante, toujours dominée par des questions particulières, chez le péripatéticien Alexandre d’Aphrodise, qui nous a laissé d’abondants et précieux commentaires sur plusieurs traités d’Aristote[1]. Tout cela avait son prix ; mais ce n’était pas là cette pleine et profonde appropriation de l’hellénisme aux besoins du jour qui, seule, pouvait lui permettre de durer encore[2]. Elle ne se produisit que vers le milieu du siècle, aux heures les plus sombres de l’anarchie ; et elle fut l’œuvre de Plotin. Il est vrai que, si la place de celui-ci est grande dans l’histoire des idées, elle est en somme petite dans celle des lettres ; et par conséquent, au point de vue qui est le nôtre, un simple aperçu de son œuvre devra suffire. Mais il faut essayer au moins de marquer en quelques traits ce qui fait sa valeur comme penseur et de faire entrevoir, à travers l’imperfection de ses ouvrages, la vigueur de son génie.


Né en 204 à Lycopolis d’Égypte, et mort à 66 ans, en 270, Plotin fit tout ce qui dépendait de lui pour vivre caché[3]. Son enfance et sa jeunesse se passèrent à Alexan-

  1. Nous avons de lui des commentaires sur les Analytiques, sur les Topiques, sur la Météorologie, sur le traité De la Sensation, sur une partie de la Métaphysique, et en outre plusieurs écrits indépendants, dont le Περὶ εἱμαρμένης, dédié en 211 à Septime Sévère et à Caracalla. Les commentaires, souvent édités séparément, doivent être réunis dans la grande édition des Commentaria circa Aristotelem de l’Académie de Berlin. Les Scripta minora ont été publiés par Bruns, Suppl. in Aristotel., t. II.
  2. Nous ne nous arrêtons pas ici aux ouvrages sans intérêt. On rapporte au iiie siècle le Lexique de Platon, du sophiste Timée, que Ruhnken a tiré d’un ms. de la Biblioth. de Saint-Germain. Cf. Photius, cod. 151. Édition de Ruhnken, Leyde, 1754 et 1789. Ce lexique est joint à plusieurs éditions de Platon, notamment à celle d’Hermann, dans la Biblioth. Teubner, t. IV, p. 397. Il n’y a rien à en tirer ni pour la philosophie, ni pour la philologie.
  3. Nous sommes surtout renseignés sur la vie de Plotin par la Biographie qu’a écrite Porphyre. Cf. Suidas, Πλωτῖνος, et Eunape, Vie des Soph., Plotin.