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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/869

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ORIGÈNE.

dit pas ce qu’il semble dire, est le contraire de toute saine critique. Mais il ne faut pas oublier, pour la juger, que, d’une part, elle avait pour elle l’autorité d’une ancienne méthode et que, d’autre part, elle seule pouvait infuser largement l’hellénisme dans la tradition biblique.

C’est de cette théorie, à la fois fausse et féconde, que s’inspire l’immense collection de travaux exégétiques qui constituait la principale partie de l’œuvre d’Origène. Ces travaux eurent pour base l’établissement du texte sacré dans des conditions vraiment nouvelles ; travail préalable, qui aboutit à la constitution de la Bible à six colonnes (τὰ Ἑξαπλᾶ (ta Hexapla)), ou se développaient parallèlement le texte hébreu en lettres hébraïques, le même en lettres grecques, et les quatre traductions d’Aquila, de Symmaque, des Septante et de Théodotien[1]. Ce texte ainsi établi, Origène passa toute sa vie à le commenter[2]. Son exégèse s’étendit peu à peu à tout l’Ancien et à tout le Nouveau Testament. Elle prit trois formes, selon qu’elle se produisait en Scolies (Σχόλια (Scholia)), en Homélies (Ὁμιλίαι (Homiliai)), ou enfin en Commentaires (probablement Ὑπομνήματα (Hupomnêmata), mais ordinairement désignés par le terme de Τόμοι (Tomoi), volumes). Les Scolies étaient de simples notes ; le texte original en est entièrement perdu, mais il est probable que le contenu s’en retrouve en partie dans les explications attribuées à Origène par les exégètes qui l’ont suivi. Des Commentaires, il ne reste que des parties, quelques-unes, il est vrai, assez importantes, que nous n’avons pas à énumérer ici[3]. Ces commentaires,

  1. Sur les Hexaples, voir Batiffol, ouv. cité, p. 168 et suiv.
  2. Cela ne veut pas dire qu’il ait attendu, pour commencer à commenter le texte, l’achévement des Hexaples ; il est seulement vrai de dire que la question de la constitution du texte l’a préoccupé constamment.
  3. Voir Bardenhewer, 29, 7, et Batitfol, p. 173 ; ou, pour plus de détails, Harnack, p. 343 et suiv.