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CHAP. VII. — L’ORIENT GREC AU IVe SIÈCLE

s’offrent à eux. L’école des rhéteurs a une porte ouverte sur la hiérarchie des fonctions officielles ; il y a là de quoi stimuler ceux que le prestige des charges publiques séduit, c’est-à-dire toute la classe supérieure de la société, et une bonne partie de la classe moyenne[1].

Mais la vraie cause du réveil inattendu des esprits, c’est le conflit des opinions religieuses, et, par conséquent, c’est le développement du christianisme.

Au second siècle, le christianisme n’avait guère fait que se défendre contre les persécutions et les calomnies par la bouche de ses apologistes ; au iiie siècle, il avait constitué les fondements de sa philosophie ; au ive, reconnu officiellement par Constantin, il vise à expulser le paganisme. Et celui-ci, qui se sent alors en grand danger, s’inquiète, se défend, réclame tout au moins la liberté. On sent l’influence vive de cet état de choses chez des esprits modérés tels que Thémistios et Libanios, qui ont des amis dans les deux partis ; on la sent très forte chez les natures passionnées, telles que Julien et presque tous les grands évêques du temps. Cette inquiétude, cette lutte pour la domination, ces grandes questions qui touchent aux droits de la conscience et aux croyances les plus chères, voilà ce qui fait que la parole retrouve alors une sincérité qu’elle avait trop oubliée.

D’ailleurs la lutte n’est pas seulement entre païens et chrétiens ; elle s’élève, plus ardente encore, parmi les chrétiens eux-mêmes, entre orthodoxes et hérétiques. Aux hérésies multiples des siècles précédents, hérésies d’écoles ou de petites sectes, succèdent maintenant des combats d’opinions qui touchent au fond même de la

  1. Chrysostome (Disc. contre les advers. de la vie monastique, p. 42, Didot) représente un père qui tient à son fils ce langage : Ὁ δεῖνα ταπεῖνὸς ϰαὶ ἐϰ ταπεινῶν, τῆν ἀπὸ τῶν λόγων ϰτησάμενος δύναμιν, ἦρξε μεγίστας ἀρχας, πλοῦτον ἐϰτήσατο πολὺν, γυναῖϰα ἔλαϐεν εὔπορον, οἰϰίαν ᾠϰοδόμησε λαμπὰν, φοϐερός ἐστιν ἅπασι ϰαὶ ἐπιδοξος.