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CHAP. VII. — L’ORIENT GREC AU IVe SIÈCLE

III

Cette éloquence, médiocre en somme, est encore supérieure à l’historiographie du même siècle. Car celle-ci a les mêmes défauts, qui sont plus contraires à sa vraie nature qu’à celle de l’éloquence, et elle n’a pas les mêmes qualités.

Les grandes actions de Constantin semblent avoir été un des sujets préférés des historiens rhéteurs. Praxagoras, d’Athènes, Bémarchios, de Césarée en Cappadoce, avaient raconté sa vie[1] ; un autre Cappadocien, Eustochios, raconta celle de son fils aîné Constant[2]. Après Constantin et ses fils, Julien eut aussi ses panégyristes, tels que Magnus de Carrhes, Eutychianos de Cappadoce[3], et enfin Eunape de Sardes, le seul d’entre eux qui mérite d’être distingué ici[4].

Né vers 346[5], Eunape fut en Asie, dans sa jeunesse, le disciple du philosophe néoplatonicien Chrysanthios, que Julien fit grand pontife de Lydie en 362. Sous son influence sans doute, se développa l’attachement passionné qu’il ne cessa de professer pour le polythéisme, et aussi sa dévotion étroite et superstitieuse. De 362 à 366, il

  1. Photius, cod. 62 ; C. Müller, Fragm. Hist. Gr., IV, 2. — Suidas, Βημάρχιος.
  2. Suidas, Εὐστόχιος.
  3. C. Müller, Fragm. Hist. gr., IV, 4.
  4. Mentionnons également Aristodème, d’époque inconnue, dont on a retrouvé quelques pages. il y a une trentaine d’années (C. Müller, Fr. H. gr., t. V, p. XXII et l’art. Aristodemos dans Pauly-Wissowa). Ces pages sont un résumé de l’histoire de la Grèce au ve siècle avant J.-C. C’était probablement un livre de classe, où les étudiants en rhétorique apprenaient ce qu’ils devaient savoir.
  5. C’est à Eunape lui-même nous devons ce que nous savons de sa vie. Il parle fréquemment de lui dans ses Vies des Sophistes. Voir la notice de C. Müller, Fragm. Hist. Gr., IV, 7.