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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/913

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JULIEN

l’impératrice Eusébie le sauva. Il obtint alors de venir à Athènes, et enfin il espérait pouvoir se livrer en paix à ses chères études[1], lorsque, soudainement appelé à Milan, il y reçut le titre de César avec le gouvernement des Gaules (355).

Là commence sa vie publique, qu’il suffira de rappeler brièvement. De 355 à 360, Julien, en Gaule, se révèle à la fois homme de guerre et homme d’État. Il repousse les Alamans au delà du Rhin, donne à la province la paix et la prospérité. Ses succès inquiètent Constance. Celui-ci veut l’affaiblir ; il lui demande une partie de ses légions pour aller combattre en Orient. Les légions se révoltent et décernent au jeune César le titre d’Auguste. Une guerre civile semble inévitable : Julien marche sur Constantinople avec ses troupes. Mais Constance meurt avant la rencontre, et Julien lui succède comme seul empereur, en 361. Son règne fut court. Les attaques des Perses menaçaient l’empire. Julien dut se préparer à les combattre. On sait comment, après avoir pénétré en vainqueur jusqu’à Ctésiphon, il fut contraint à se retirer et trouva la mort dans cette retraite, en 363.

Pendant ces deux années de règne, son activité, qu’attestent encore ses lettres et ses édits, avait été dirigée par une idée dominante. Il avait entrepris d’arrêter le christianisme dans sa marche et de restaurer l’hellénisme, comme religion publique et comme croyance. C’était une lutte qu’il engageait : il la mena sans déroger ouvertement à ses principes de tolérance, mais avec passion et âpreté, s’irritant des difficultés qu’il aurait dû prévoir, et se donnant le tort de traiter la majorité de ses sujets en adversaires, dont il n’essayait pas de com-

  1. C’est pendant ce court séjour à Athènes que Basile et Grégoire de Nazianze purent, sinon le fréquenter, du moins l’apercevoir. Voyez le portrait, d’ailleurs malveillant, que Grégoire a tracé de lui dans son second Discours de flétrissure, Éd. Morel, t. I, p. 121 D.