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CHAPITRE II. — PHILOSOPHIE AU IIIe SIÈCLE

VII

Nous avons vu, dans la première partie de ce chapitre, les derniers philosophes de l’ancienne Académie, les Polémon, les Cratès, les Crantor, s’occupant à renouveler, par l’ingénieuse élégance de l’expression, les lieux communs de la morale platonicienne. Le stoïcisme et le pyrrhonisme infusèrent un sang nouveau à l’Académie déclinante : l’un lui offrit un ennemi à combattre, l’autre lui fournit des armes. À l’outrance paradoxale de Zénon, elle opposa les arguments sceptiques de Pyrrhon, mais au profit du sens commun plutôt que du scepticisme proprement dit, et particulièrement au profit de la morale platonicienne, donnée comme vraisemblable, sinon comme certaine.

Les deux grands noms de cette période sont ceux d’Arcésilas et de Carnéade, qui furent tous deux scolarques de l’Académie. Le premier est le fondateur de ce qu’on appelle la « moyenne » Académie ; le second, de la « nouvelle ». La différence, à vrai dire, entre la moyenne et la nouvelle Académie, est subtile et négligeable : l’esprit est le même dans les deux, et la seconde ne fait guère que continuer la première en poussant la doctrine un peu plus avant sur certains points. À côté d’Arcésilas et de Carnéade, mentionnons encore les deux scolarques intermédiaires, Evandros et Hégésimos, d’ailleurs inconnus[1] ; puis Lakydès, disciple d’Arcésilas, à qui Diogène Laërce a consacré une courte notice[2] ; enfin Clitomaque, élève de Carnéade, Carthaginois de naissance (il s’appelait Asdrubal)[3], Grec d’adoption, écrivain fécond,

  1. Cicéron, Acad. I, ii, 6.
  2. Diog. L., IV, 59-61.
  3. Diog. L., IV, 61.