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CV
INTRODUCTION.

le Saint-Esprit n’eurent part en ce mystérieux abaissement, si ce n’est qu’on veuille dire que pourtant ils n’y furent point étrangers, à raison du pardon plein d’amour qui nous fut octroyé, à raison encore de la valeur surhumaine et ineffable des actes que produisit par son humanité celui qui est un seul et même Dieu avec le Père et le Saint-Esprit.

Telle est la Théodicée de saint Denys. Si l’on veut voir comment le christianisme donne à la pensée humaine sécurité, élévation et justesse ; que l’on compare les notions pures, splendides, positives que nous venons d’exposer avec les affirmations douteuses, incohérentes, contradictoires de Platon, d’Aristote et des philosophes alexandrins, tous privés de la révélation chrétienne ; les uns parce qu’ils la précédèrent, les autres parce qu’ils ne voulurent pas l’accepter. Je choisis et je rappelle les deux plus beaux noms de la sagesse antique, afin de mieux mettre en lumière l’impuissance du génie humain dans les questions les plus vitales ; je choisis et je rappelle les philosophes alexandrins, parce que leur doctrine a un air de parenté avec celle de saint Denys, et qu’ainsi sera rendue plus sensible la différence qu’établit entre des théories analogues une docile soumission aux tutélaires enseignements de la foi.

Certainement Platon a écrit sur Dieu des lignes admirables que les Pères ont citées avec éloge, et que les siècles relisent encore, comme pour se consoler des erreurs du génie humain durant l’ère misérable du paganisme. La grave raison d’Aristote, si calme ordinairement et si didactique, s’élève jusqu’à l’éloquence, lorsqu’elle invoque le témoignage du monde entier pour établir l’existence de l’Être absolu. Mais pourquoi faut-il que ces puissants esprits n’aient marché qu’en chancelant dans le chemin de la vérité, et qu’ils n’aient pas su discerner le mensonge des opinions humaines d’avec la voix pure des traditions primitives ? Car le premier a détruit la vraie notion de la divinité, en admettant d’abord des idées