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INTRODUCTION.

ad fidem, secundum ea quæ in actis sunt scripta, conversus, primus Atheniensis parœciæ episcopatum suscepit.[1].

Philosophe distingué, pieux et savant évêque, appelé à justifier les dogmes du christianisme devant les nombreux sectateurs de Platon, d’Aristote et de Zénon, saint Denys aborda sans doute les plus hautes questions qui tourmentaient la philosophie et leur donna une solution scientifique. La direction jusque-là imprimée à son génie et l’empire des circonstances le jetaient nécessairement dans cette voie. Si donc il a laissé quelques écrits, on devra y trouver le double caractère que revêtirent ses enseignements, les conceptions du philosophe et la foi pure du théologien. Or il suffit de lire quelques-unes des pages qui suivent, pour se convaincre que l’auteur de ces œuvres était également façonné aux spéculations philosophiques, et versé dans la science de la religion. Il disserte avec justesse et profondeur sur les plus incompréhensibles attributs de Dieu. La création, l’origine et la nature du mal sont admirablement expliquées. La hiérarchie des esprits célestes est présentée comme un reflet de la Trinité, et comme le type de notre Église terrestre. Les sacrements, canaux de la grâce, nous transmettent la charité, fleuve de feu qui jaillit du trône de l’Éternel, traverse tous les ordres des choses créées, et remonte à sa source, emportant vers leur principe tous les cœurs qu’a touchés le céleste incendie. Les mondes naturel et surnaturel sont décrits, leur différence établie, leurs rapports constatés ; et, emportée sur les ailes de la foi, la raison de l’écrivain franchit d’un vol tranquille et assuré des régions que nul regard n’a jamais contemplées qu’en tremblant. Au surplus, des hommes qui portent un beau nom dans la science et la religion, ont donné à saint Denys un brevet authentique de philosophie et de théologie. Nul ouvrage de l’antiquité ecclésiastique ne fut si fréquemment traduit

  1. Euseb., Hist. Eccl., lib. IV, 23 ; et lib. III, cap. 5 ; Cf. alii, Hist. Eccl.