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INTRODUCTION.

est l’unité des cœurs, perdit aussi la science qui est l’unité des esprits.

Dans cette nuit obscure et froide que le despotisme faisait autour de lui, comme une lampe, près de s’éteindre, jette longtemps encore des lueurs dont chacune menace d’être la dernière, la philosophie et la théologie inspirèrent encore quelques esprits distingués, dont l’histoire a conservé les noms. Parmi eux se rencontre Pachymère, qui semble s’être livré avec ardeur à l’étude de la philosophie et à la contemplation mystique. Il composa, pour l’intelligence des œuvres de Denys, une savante paraphrase, où les pensées de l’Aréopagite, exprimées quelquefois d’une façon trop concise, reçoivent une explication ultérieure et un utile développement, dont la fidélité est suffisamment garantie par la connaissance qu’avait Pachymère des diverses philosophies grecque et néoplatonicienne. C’est du reste le dernier hommage que saint Denys recueillit sur cette terre depuis longtemps inhospitalière, mais autrefois si douce à ceux qui la foulaient.

Mais l’Occident réservait à saint Denys un triomphe complet. Parmi les modernes, les uns ont maudit, les autres ont loué l’influence qu’il exerça ; mais tous l’ont unanimement constatée. Du reste, elle a laissé de profondes et glorieuses traces, surtout dans les écrits de l’école mystique, et ces suaves accents d’amour divin qu’on entendit durant trois siècles, dans tous les monastères de l’Europe, n’étaient que des hymnes dont l’Aréopagite avait fourni, pour ainsi dire, le riche et fécond motif.

L’histoire fait connaître que les éléments divers, dont le mélange harmonique devait former les sociétés modernes, veillaient aux portes du puissant empire de Charlemagne, attendant un regard de ses yeux, ou un signe de son épée pour entrer, et prendre leur place. Mais ils firent invasion tous ensemble autour du trône de ses débiles successeurs, et le travail d’assimilation réciproque et de constitution définitive, au lieu d’être régulier et