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Page:Darboy - Œuvres de saint Denys l’Aréopagite.djvu/197

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ses adeptes en autant d’images de Dieu[1] : purs et splendides miroirs où peut rayonner l’éternelle et ineffable lumière, et qui, selon l’ordre voulu, renvoient libéralement sur les choses inférieures cette clarté empruntée dont ils brillent. Car ni les initiateurs, ni les initiés des cérémonies sacrées ne doivent s’ingérer en des fonctions qui n’appartiennent pas à leur ordre respectif ; même ce n’est qu’à la condition d’une nécessaire dépendance, qu’on peut aspirer aux divines splendeurs, et les contempler avec le respect convenable, et imiter la bonne harmonie des esprits célestes.

Ainsi, par ce mot de hiérarchie, on entend un certain arrangement et ordonnance sainte, image de la beauté incréée, célébrant en sa sphère propre, avec le degré de pouvoir et de science qui lui revient, les mystères illuminateurs, et s’essayant à retracer avec fidélité son principe originel. Effectivement la perfection des membres de la hiérarchie est de s’approcher de Dieu par une courageuse imitation, et, ce qui est plus sublime encore, de se rendre ses coopérateurs[2], comme dit la parole sainte, et de faire éclater en eux, selon leur force propre, les merveilles de l’action divine.

C’est pourquoi l’ordre hiérarchique étant que les uns soient purifiés et que les autres purifient ; que les uns soient illuminés et que les autres illuminent ; que les uns soient perfectionnés et que les autres perfectionnent ; il s’ensuit que chacun aura son mode d’imiter Dieu. Car cette bienheureuse nature, si l’on me permet une si terrestre locution, est absolument pure et sans mélange, pleine d’une éternelle lumière,

  1. Matth., 5, 48.
  2. I Cor., 3, 9.