Page:Darboy - Œuvres de saint Denys l’Aréopagite.djvu/243

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sumants, et de fleuves qui roulent des flots de feu avec une bruyante rapidité. Dans son langage, les trônes sont de feu ; les augustes séraphins sont embrasés, d’après la signification de leur nom même, et ils échauffent et dévorent comme le feu ; enfin, au plus haut comme au plus bas degré de l’être, revient toujours le glorieux symbole du feu. Pour moi, j’estime que cette figure exprime une certaine conformité des anges avec la divinité ; car chez les théologiens l’essence suprême, pure, et sans forme, nous est souvent dépeinte sous l’image du feu, qui a, dans ses propriétés sensibles, si on peut le dire, comme une obscure ressemblance avec la nature divine. Car le feu matériel est répandu partout, et il se mêle, sans se confondre, avec tous les éléments dont il reste toujours éminemment distingué ; éclatant de sa nature, il est cependant caché, et sa présence ne se manifeste qu’autant qu’il trouve matière à son activité ; violent et invisible, il dompte tout par sa force propre, et s’assimile énergiquement ce qu’il a saisi ; il se communique aux objets, et les modifie, en raison directe de leur proximité ; il renouvelle toutes choses par sa vivifiante chaleur, et brille d’une lumière inextinguible ; toujours indompté, inaltérable, il discerne sa proie, nul changement ne l’atteint, il s’élève vers les cieux, et par la rapidité de sa fuite, semble vouloir échapper à tout asservissement ; doué d’une activité constante, les choses sensibles reçoivent de lui le mouvement ; il enveloppe ce qu’il dévore, et ne s’en laisse point envelopper ; il n’est point un accident des autres substances ; ses envahissements sont lents et insensibles, et ses splendeurs éclatent dans les corps auxquels il s’est pris ; il est impétueux et fort, présent à tout d’une façon inaper-