Page:Darboy - Œuvres de saint Denys l’Aréopagite.djvu/268

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manière sensible que la vie coupable doit être expiée par une vie vertueuse et divine ? Quand donc il n’y aurait rien de plus divin dans les signes qui voilent cette initiation mystérieuse, même alors je la trouverais pleine de religieuse décence ; car elle forme aux habitudes d’une conduite irréprochable, et en purifiant le corps par l’eau, elle exprime symboliquement le dépouillement total des fautes antérieures.

II. Ceci soit dit par manière d’introduction à l’usage des âmes imparfaites ; car il est bon de séparer les choses vulgaires de ce qui est saint et déifique, et de donner aux divers ordres une explication proportionnée à leurs forces respectives. Pour nous, il faut nous élever par une sorte d’ascension spirituelle jusqu’aux principes des sacrements ; et dans la connaissance précieuse qui nous en viendra, nous verrons de quels types ils sont l’empreinte, et quels secrets augustes ils expriment. Car, comme il a été clairement expliqué dans notre discours touchant la matière et l’intelligible, les choses sacrées que les sens perçoivent sont les tableaux de celles qu’ils ne perçoivent pas, le guide et le chemin qui y conduisent ; et celles-ci sont le principe radical et l’explication des formes visibles de notre hiérarchie.

III. Entrons maintenant dans notre contemplation. La douce et bienheureuse nature de Dieu, du sein de sa constante immutabilité, laisse tomber sur les intelligences les salutaires rayons de sa lumière. Si, par l’abus de sa liberté, l’intelligence se détourne ; si, éprise du mal, elle tient scellée pour ainsi dire sa naturelle faculté de voir ; si elle se soustrait à l’action de la lumière, la lumière ne l’abandonne pas pour cela, mais elle continue à luire sur cette âme malade, et court se placer avec bonté sous son regard indo-