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Page:Darboy - Œuvres de saint Denys l’Aréopagite.djvu/288

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forces, après avoir invoqué le secours de l’Esprit inspirateur.

Lorsque, dans le principe, la nature humaine perdit insensément la grâce divine, elle tomba dans une vie pleine de passions, qui aboutit à la corruption et à la mort. Car il était juste que l’audacieux transfuge de la bonté infinie, le violateur du précepte d’Éden, qui, cédant aux attrayantes et frauduleuses suggestions de l’esprit malin, avait secoué le joug qui donne la vie, fût livré en proie à ses penchants qui le détournent des biens célestes : d’où vient ce déplorable échange que nous avons fait de l’immortalité avec la mort. Tirant son origine de la corruption, l’homme fut condamné à avoir une fin qui rappelât son principe, et volontairement déchu d’une vie supérieure et divine, il fut précipité dans l’abîme contraire d’une vie pleine de mutabilité et d’angoisses. Ainsi égarée et fuyant loin du droit chemin qui mène au seul vrai Dieu, asservie à la multitude des cruels démons, notre nature ne vit pas qu’elle servait, non pas des dieux ou des amis, mais des ennemis affreux ; et bientôt les tyranniques excès de leur méchanceté naturelle l’eussent réduite aux horreurs d’une irréparable ruine. Mais par un conseil de sa charité et de sa miséricorde infinie, Dieu ne dédaigna pas de prendre lui-même soin de nous. C’est pourquoi, d’une part, prenant en réalité toutes nos misères, hors le péché, et s’unissant à notre bassesse, et, de l’autre, conservant sans confusion et sans altération aucune les attributs de sa nature, il voulut bien nous associer fraternellement, pour ainsi dire, à sa divinité et nous rendre participants de ses propres biens. C’est ainsi que, par le jugement et la justice, comme enseigne la parole traditionnelle, et non par le déploiement de sa force, il