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CHAPITRE IV.


âmes sont douées d’entendement, qu’elles ont une vie subsistante et incorruptible, qu’elles sont appelées à ressembler aux anges, et peuvent être conduites, par le généreux ministère de ces guides sacrés, vers la source infinie de tous les biens, et participer, selon la mesure de leurs forces respectives, aux illuminations qui tombent du sein de Dieu et au bonheur de se conformer à la bonté originale : c’est de là, en un mot, qu’elles tirent tous les biens que nous avons énumérés dans le traité de l’Âme.

Ensuite, s’il faut parler des âmes irraisonnables, des animaux, ceux qui fendent l’air, qui marchent ou rampent sur la terre, qui nagent dans les eaux ou sont amphibies, qui vivent cachés et enfouis sous la terre, tout ce qui a sensibilité et vie, tout fut animé et vivifié par cette bonté souveraine. C’est encore elle qui donne aux plantes cette vie où elles s’alimentent et végètent ; c’est elle enfin qui donne à tout ce qui n’a ni âme ni vie, d’exister et d’être substance.

III. Or, si la bonté suprême l’emporte sur toutes choses, comme on n’en peut douter, alors, quoique sans formes, elle donne la forme à ce qui ne l’a pas. Alors la négation employée en parlant d’elle sera une affirmation sublime ; la privation d’être, de vie, d’entendement deviendra chez elle une suréminence d’être, une surabondance de vie et d’entendement. Même, si l’on pouvait parler ainsi, le non-être est travaillé du désir de cette bonté, et aspire à atteindre cet Être, océan sans fond ni rivages.

IV. Mais pour ne pas omettre ce qui m’a échappé plus haut, c’est la même bonté qui a créé les cieux, le point où ils commencent et celui où ils finissent, et leur substance qui n’augmente, ne diminue et ne s’altère jamais, et, si je puis dire ainsi, le silencieux mouve-