Aller au contenu

Page:Darboy - Œuvres de saint Denys l’Aréopagite.djvu/392

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
388
DES NOMS DIVINS.


XVII. Nouvel extrait des mêmes hymnes.

« Ramenant donc ces ruisseaux divers à la source unique, disons qu’il existe une force simple, spontanée, qui établit l’union et l’harmonie entre toutes choses, depuis le souverain bien jusqu’à la dernière des créatures, et de là remonte, par la même route, à son point de départ, accomplissant d’elle-même, en elle-même et sur elle-même sa révolution invariable, et tournant ainsi dans un cercle éternel. »

XVIII. Mais on va me faire cette objection : Vous avez dit que même le non-être aime, désire et recherche le beau et le bon ; que le beau et le bon donne forme à ce qui est sans forme, et qu’on le caractérise très-bien par des manières de parler négatives. Or, si toutes choses le désirent, l’aiment et le chérissent, d’où vient que la multitude des démons ne connaît pas cette ambition ? d’où vient que, plongés dans la matière et totalement déchus de cet amour du bien qui enivre sans cesse les anges, ils deviennent cause de tous les maux et pour eux-mêmes, et pour tous ceux qu’on nomme pervertis et méchants ? Pourquoi les démons, qui doivent l’existence à un principe bon, n’ont-ils eux-mêmes rien de bon ? ou, si leur nature fut créée bonne, comment s’est-elle altérée ? et quelle chose la modifia si tristement ? En un mot, qu’est-ce que le mal ? de quel principe provient-il ? en quel être existe-t-il ? comment le Dieu bon a-t-il voulu produire le mal, et, le voulant, comment l’a-t-il pu ? Ou, si le mal émane d’une autre source, le bon n’est donc pas la seule cause des êtres ? D’ailleurs comment la Providence