Aller au contenu

Page:Darboy - Œuvres de saint Denys l’Aréopagite.djvu/452

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
448
DES NOMS DIVINS.


et entre elles, et avec la cause unique de l’harmonie générale. Car ce principe parfait, étendant à toutes les créatures son action indivisible, les distingue, les limite, les maintient, et enveloppe comme par des liens puissants la collection totale de ces substances diverses ; et il ne permet pas qu’elles brisent leur union et se dispersent à l’infini et se résolvent sans fin, déchues de tout ordre, de toute stabilité, séparées de Dieu, en guerre avec elles-mêmes, et confondues les unes avec les autres dans un trouble immense.

Mais qu’est-ce que cette paix et ce divin calme, que le saint personnage Justus appelle silence, et immobilité merveilleusement active ; comment Dieu demeure dans le repos et le silence ; comment il vit par lui-même et en lui-même, et se pénètre intimement et tout entier ; comment, soit qu’il entre en lui-même, soit qu’il se multiplie en ses œuvres, il ne déchoit pas de son unité parfaite, mais au contraire, en vertu de cette unité sublime qui n’a pas d’égale, s’incline vers toutes les créatures, sans sortir de son propre fonds : voilà ce qu’il n’est ni permis, ni possible à aucun être de dire, ni de comprendre. Ainsi proclamant que la paix divine est ineffable et incompréhensible, puisqu’elle surpasse toutes choses, nous considérerons seulement ses diverses participations que l’esprit embrasse et que le langage explique, autant toutefois que le peuvent des hommes, et surtout des hommes aussi grandement inférieurs que nous.

II. Disons donc d’abord que Dieu produit la raison essentielle de toute paix, et la paix, soit dans l’univers entier, soit dans chaque individu ; et que rapprochant l’une de l’autre les diverses substances, il les réunit sans les altérer, tellement que, dans cette al-