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LETTRE IX.

seulement à travers les figures matérielles qui nous les déguisent. Mais il faut, au contraire, briser cette enveloppe et les considérer dans leur nudité et leur pureté natives : car ainsi révérerons-nous cette fontaine de vie, qui tout à la fois s’écoule et se maintient en elle-même : force unique et simple, douée d’un mouvement et d’une activité spontanés et persistant dans une immuable identité ; connaissance radicale de toutes les connaissances ; intime objet de sa propre et éternelle contemplation. Je me suis donc cru dans l’obligation de donner à tous en général, et à Titus en particulier, la meilleure explication possible des formes diverses que l’on applique mystérieusement à la divinité ; car, à n’en juger que par l’extérieur, ne sont-elles pas remplies d’un merveilleux qu’il est difficile de croire et qui ressemble à des chimères ? C’est ainsi qu’on nous peint, en parlant de la génération éternelle, le sein de Dieu engendrant Dieu à la façon des corps, pour ainsi dire[1] ; on nous rappelle le Verbe procédant d’un cœur d’homme et répandu dans les airs[2], et l’Esprit procédant de la bouche comme un souffle[3] ; on célèbre le Fils éternel porté dans les entrailles du Père comme s’il s’agissait d’un enfantement corporel : ou bien, empruntant des symboles au règne végétal, on nous parle d’arbres, de rejetons, de fleurs et de racines ; on nous décrit des sources d’eau jaillissante, une fécondité qui produit de glorieuses splendeurs, d’autres images encore qui symbolisent les incompréhensibles perfections de Dieu. Ainsi encore, lorsqu’il est question des vues providentielles de la divinité, de ses bienfaits, de ses manifestations, de sa force, de ses pro-

  1. Psalm., 109, 4.
  2. Ibid., 44, 1.
  3. Ibid., 32, 6.