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LXV
INTRODUCTION.

nées à prouver que ces œuvres ne furent pas ignorées dès les premiers siècles par les auteurs ecclésiastiques. On peut encore les lire dans l’édition qu’a faite de saint Denys G. Morel (1662).

Gilbert Génébrard, savant aussi distingué que ligueur intrépide ; Lefebvre d’Étaples, qui devait naturellement nous être hostile, puisque les uns l’accusaient, les autres le félicitaient d’avoir peu de respect pour la vieille scolastique, et beaucoup de passion pour la nouveauté ; Joachin Périon, renommé pour sa science philologique ; les doctes cardinaux Baronius et Bellarmin, tous crurent à l’authenticité des œuvres connues sous le nom de saint Denys l’Aréopagite.

La Faculté de théologie de Paris flétrit de sa censure Luther et Érasme, qui tenaient notre auteur pour un ignorant et un rêveur oisif, et ses livres pour apocryphes. Dans les deux circonstances, la Faculté déclara cette opinion téméraire et le sentiment opposé fondé en raison, et appuyé sur l’opinion de personnages illustres et sur l’autorité du sixième concile général[1]. Et il faut avouer qu’Érasme reconnaît implicitement l’étrangeté de son assertion, dans sa réponse aux théologiens de Paris, puisqu’il ne cite en sa faveur que Laurent Valle et Guillaume Grocin. Certes si la Réforme et ses amis secrets n’ont pu paraître environnés du cortége des écrivains anciens, ce n’est pas que l’âpreté du travail leur ait manqué pour se livrer aux perquisitions nécessaires, ni la sagacité philologique pour interpréter les textes en leur faveur, ni même, il faut bien le dire, la hardiesse et l’impudence pour nier et affirmer contre la vérité à tort et à travers. Ainsi les théologiens luthériens de Wittenberg et de Tubinge invoquèrent sur le point qui nous occupe, comme on avait invoqué sur les dogmes les plus graves, la foi de l’Église orientale. Mais

  1. Non verò eruditis, sed temerariis et novitatum studiosis videtur non esse Dionysius Areopagita, qui libros ecclesiasticæ hierarchiæ conscripserit ; quandoquidem ab ipso Dionysio Areopagitâ fuisse conscriptos constat. Cf. Nat. Alex., Hist. Eccles., sæc. 1o. — Fleury, lib. 127 et 131.