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XCIII
INTRODUCTION.

tercession ; et ainsi le ciel et la terre se sont réunis pour honorer et consacrer sa mémoire.

Après ce préambule que nous devions aux exigences de notre sujet, venons à l’exposé des doctrines de saint Denys ; et afin que l’appréciation qu’il s’agit d’en faire devienne plus facile, marquons d’abord le point d’où il part ; puis nous réduirons à quelques chefs principaux ses spéculations diverses.

Le caractère le plus général de la philosophie de saint Denys, c’est une sorte d’éclectisme, dont la foi catholique est le principe, la règle et le terme. Et c’est là la seule philosophie véritable.

L’ordre surnaturel étant supposé, trois choses en résultent : 1o Des vérités incompréhensibles se surajoutent aux vérités qui sont le nécessaire patrimoine de la raison ; même celles-ci reçoivent de celles-là une sorte de rejaillissement lumineux et plein de grâce divine, par où elles deviennent objectivement plus manifestes, et subjectivement plus certaines. D’où il suit que la raison rigoureusement suffisante pour certains points, radicalement impuissante pour quelques autres, est secourue ou suppléée avec bonheur par la révélation, qui est ainsi le principe obligé de toute affirmation sur l’origine, les moyens et la fin de l’humanité. 2o Il est impossible que la philosophie ait jamais droit contre la révélation, et puisse entreprendre justement de la régler. Car ce qui est principe, et cela seulement, porte en soi la règle de ce dont il est principe, la raison d’agir ne pouvant résulter que de la raison d’être. Mais ce qui appartient à une sphère moins élevée ne peut ni créer, ni régir ce qui appartient à une sphère plus sublime. Voilà pourquoi, d’une part, la philosophie, ou l’ordre naturel, ne doit pas estimer qu’elle est destinée à contrôler l’ordre surnaturel, la foi ; et de l’autre, la révélation qui est le principe de nos affirmations les plus graves et les plus nécessaires, en doit être aussi la règle. 3o La subordination hiérarchique des choses, quelles qu’elles soient, ayant pour base leur valeur respective,