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Page:Darmesteter - Essai sur la mythologie de l’Avesta.djvu/16

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CHAPITRE PREMIER.
Attributs matériels de Haurvatât et d’Ameretât.
I.

§ 5. Un trait extérieur donne à première vue une place à part dans le groupe des Amshaspands à Haurvatât et Ameretât. Contrairement à leurs quatre collègues qui ont chacun une existence individuelle et indépendante, ces deux divinités paraissent presque constamment réunies et la présence de l’une annonce celle de l’autre ; le lien qui les unit est aussi étroit que celui de Castor et Pollux dans la poésie grecque, plus étroit que celui de Mitra et Varuna dans la poésie védique : elles font couple. Cette union intime est marquée au dehors dans leur nom même, par les désinences du dvandva, c’est-à-dire que chacun des deux noms se met au duel, le duel indiquant, non point que chacun des deux dieux est double, mais seulement qu’il fait couple avec l’autre. De même donc qu’en sanscrit védique, la phrase « caxur mitrayor â eti priyam varunayoli^^1 » ne signifie point : « il s’avance, le doux regard des deux Mitra, des deux Varuna », mais : « le doux regard des deux dieux, Mitra et Varuna » ; de même dans l’Avesta, la formule d’invocation « Nivaêdhayêmi Ham^vaibya ibneretaXbya^^2 » ne signifie point : « j’invoque les deux Haurvatâi, les deux Ameretâi », mais « j’invoque les deux, Haurvatât et Ameretât », j’invoque le couple Haurvatài-Ameretâi. La désinence du duel ajoutée à chacun des deux termes indique qu’ils ne s’appartiennent plus à eux-mêmes, qu’ils ne sont plus que les membres d’un groupe.

§ 6. Sur le rôle des Amshaspands en général, l’Avesta, comme

1. Rig Veda VI, 51, 1. — Cf. E. Buruouf, Commentaire sur le Yaçna, p. 159.

2. Yaçna 1, 5. — Les citations sont faites suivant l’édition de M. Spiegel pour le Yaçna, le Vispered, le Vendidad, pour la traduction sanscrite de Nériosengh et pour la traduction pelilvie ; suivant celle de M. Westergaard pour les Yasts et les fragments.