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« Je vais proclamer ce que m’a dit le très-saint, parole excellente à entendre pour les mortels : ceux qui pour elle me prêteront l’oreille, me donneront leur attention, à ceux-là viendront Haurvatât et Ameretât. »

Je personnifie ici les deux mots, parce que le vers qui suit immédiatement prouve qu’il s’agit de divinités et non d’abstractions :

Vanhéus mananho skyaothnâis mazdào ahuro
MM« Grâce aux actes de la Bonne Pensée, viendra à eux Mazda ahura. »

Mais de quoi sont-ils ici la personnification ? Est-ce de l’abondance, ou de la santé et du non-mourir ?* La strophe 10 du même morceau va nous répondre :

tém né yaçiiuis âimiatois mimaghjô[1]

    analogue : eçe puliçe = esha purushas (grammaire de Vararuci, XI, 10). Pour le vers 3, le texte de M. Spiegel place ahmâi après çeraoshem ; je suis le texte de M. Westergaard dont l’exactitude est confirmée par l’ordre des mots dans Nériosengh et dans le pehlvi. — La tradition prend çrûidyâi au causal (à faire entendre, à prononcer) ; à tort : il ne s’agit que d’écouter, comme le prouve le vers suivant. — Il est difficile et sans intérêt de savoir si ahmûi se rapporte à mai ou doit être au neutre. — La tradition rend cZJjicayafca par asuada ;/a/i et câsMt, «laites goûter », c’est-à-dire répandez^ propagez ; cette traduction donne un sens raisonnable, mais impossible étymologiquement : cayanh ne peut avoir aucun rapport avec casÀ et renvoie impérieusement à une racine ci. Mais laquelle ? M. Justi, préoccupé de retrouver le sens traditionnel, y voit la racine ci « amonceler » et traduit Anhœufung, Ausbreitung {entassement, diffusion). Je ne puis comprendre le passage du premier sens au second, ni comment l’on peut dire : je mets en tas (sens de ci) pour signitier « je répands ». — Mais à côté de ci entasser, il y a une autre racine ci qui signifie /aire attention^ racine zende et sanscrite (Justi s. 1. ci L — Dictionnaire de Saint-Pétersbourg, ci 2) ; cayanh dàn signifie donc « donner l’attention » ; il n’introduit pas une idée nouvelle, mais complète çeraoshem dàn. — Cette racine ci a développé une racine secondaire czY, qui a accaparé toute la dérivation, sans pourtant en eflacer toute trace ; ainsi en sanscrit, à côté de cettar « observateur attentif », so trouve encore la forme cetar (Dict. de St. -P., s. v.)

  1. Le pehlvi rend mimaghjo par maçînasn ; Nériosengh a un mot inintelligible mahûgîs, mais qui prouve, comme le remarque M. Spiegel, qu’il reconnaissait dans maçînasn le mot maç grand. A-t-il ou tort ? je ne crois pas. Régulièrement maçînasn se donne comme l’adjectif verbal d’un verbe maçînîtan, causal de maç et par suite signifiant « rendre grand. » Le sens et l’étymologie s’accommodent parfaitement de cette explication. Mimaghjo est le pluriel d’un adjectif mimaghj qui n’est autre que le thème désidératif de la racine sanscrite mah. *mimaksh ; cette racine mah signifie « exalter, honorer un dieu par le sacrifice ou