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LETTRES SUR L’INDE

vont porter jusqu’à Delhi, Cawnpore et Patna les produits de Boukhara et de Candahar. Les uns viennent seuls, les autres avec leurs familles qu’ils établissent dans des campements (kirris), où elles attendent leur retour sous la garde de chiens-loups féroces, pour repartir au printemps. Le grand emporium des Povindas est sur territoire anglais, à Dera-Ismaïl-Khan, dont l’immense caravansérail, désert en été, voit passer en hiver jusqu’a cinquante mille âmes et cinquante mille chameaux. Dans la saison froide de 1880-1881, il était entré dans le district 49, 000 Povindas, dont 35, 000 Ghilzais.

Ces caravanes sont des armées, ou plus exactement des peuples en marche. En 1877-1878, sur 76, 000 têtes entrées dans le district, il y avait 30, 000 hommes armés. Aussi, le voyage ne se passe pas sans aventure. Il n’est pas rare que la caravane se détourne en route pour faire le coup de feu, au profit de quelque tribu en guerre qui l’appelle et la paye. Les Afridis de la vallée de Tira, qui sont chiites et sont en minorité infime parmi les Sounnis qui les entourent, n’ont pu se maintenir qu’avec l’aide des Povindas qui passent, en route vers Kohat, bons Sounnis eux aussi, mais tolérants quand il y a un bon coup à faire. Les Povindas, étant volables, ont fort à faire à se garer des voleurs ; mais les gens