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LETTRES SUR L’INDE

V

Ainsi divisés et incapables de s’élever à l’idée de patrie, il n’y a que deux choses qui puissent les unir momentanément par une idée commune ; une grande guerre de pillage ou la guerre sainte. Les gens de Cachemire, qui ont été soixante-dix ans sous leur joug, leur prêtent ce dicton : « C’est œuvre pie (garz) que de prier, et devoir strict (farz) de piller. » Toutes les grandes coalitions se sont formées en vue du loot ou du djihad[1]. Les dernières grandes guerres de pillage furent celles d’Ahmed Chah, le Dourani. C’étaient par un certain côté des guerres saintes : il s’agissait de piller l’Inde idolâtre, et, de tous les principes de l’Islam, nul ne va plus au cœur de l’Afghan que celui-ci : « Le bien des infidèles appartient aux croyants. »

  1. Loot, « pillage » et « conquête », mot hindoustani qui a pénétré en anglais et qui mérite d’entrer dans toutes les langues de l’Europe du dix-neuvième siècle. — Djihad, guerre sainte.