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VI. — LE COBLENTZ MUSULMAN

de l’Inde, il y en avait une qui était commandée par un Pathan, nommé Amir Khan, un des bandits les plus atroces du temps ; il faisait le pays de Malva et le Radjpoutana. Sur le tard, le métier devenant peu profitable devant les progrès grandissants de la Compagnie anglaise, il se rangea, fit sa paix et se retira comme nawab de Tonk.

Parmi les hommes du bandit, il y avait un certain Seid Ahmed, de Rao-Bareilli, dans le Rohilkhand. Je ne sais ce qu’il faisait dans le camp du Pindari, s’il pillait ou s’il priait ; quoi qu’il en soit, il le quitta, décidé à réformer le monde. Vers 1816, âgé de trente ans, il alla étudier à la mosquée de Delhi sous un docteur fameux, Chah Abdoul Aziz, et, après trois ans de noviciat, se mit à parcourir l’Inde, en dénonçant les abus qui s’étaient introduits dans l’Islam et en prêchant le retour à la foi primitive. Il commença par le Rohilkhand et fut prophète dans son pays : il descendit de là dans la vallée du Gange, renouvelant les merveilles des temps apostoliques. À Patna, le pays même où, vingt-deux siècles auparavant, le Bouddhisme avait pris naissance, il se trouva à la tête de tant de prosélytes qu’il put organiser un gouvernement de la secte, nommer un grand prêtre et quatre califes ou lieutenants. Il descendit le Gange jusqu’à Calcutta, convettissant et organisant partout