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Page:Darmesteter - Lettres sur l’Inde, à la frontière afghane.djvu/16

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IV
LETTRES SUR L’INDE

« Ces chansons, en somme, confirment, par l’aveu même des Afghans, le jugement assez défavorable que suggère leur histoire durant les cinquante dernières années. Une race forte, bien différente du faible Indou, d’un moral résistant, mais non sans alliage ; un sentiment de l’honneur, qui peut se passer de la vérité ; les vertus à demi conventionnelles du sauvage ; l’amour vrai, inconnu ; le respect du faible, une faiblesse. Un sentiment religieux qui n’enseigne ni la charité, ni l’empire sur soi-même, ni le perfectionnement de la personne, et trouve sa joie suprême dans la damnation des religions étrangères.

« Au point de vue intellectuel, une imagination sans hauteur, un cercle d’idées limité, mais en même temps un des dons les plus hauts, un don que l’Europe épuisée a perdu, la simplicité et la franchise de l’expression.

« En politique, aucune des vertus qui font les nations : le clan et la famille divisés contre eux-mêmes, le mot cousin signifiant ennemi mortel[1] ; l’étranger guère plus haï que le compatriote et employé comme instrument contre lui. L’Anglais,

  1. Voir page 89.