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LETTRES SUR L’INDE

tan, est toujours là et reçoit encore, quoique d’une façon intermittente et irrégulière, les recrues de l’Hindoustan. Les émigrés sont toujours là, faisant la veillée des armes. Ils ne se mêlent pas aux querelles des tribus entre elles ; car ils sont là pour l’infidèle, non pour les Musulmans. C’est même la cause qui m’a valu le plaisir de voir en juin dernier la Djirga des Gadouns. Les Hassanzais, chez qui les Hindoustanis étaient refugiés, étant en guerre contre les gens de Nandihar, les avaient invités à venir avec eux : les Hindoustanis répondirent : « Nous sommes ici pour faire la guerre sainte, le djihad, non pour faire la guerre à des Musulmans : si nous étions tués en combattant contre des fidèles, nous deviendrions des charognes (mourdar), au lieu de devenir des martyrs (chahid). » Là-dessus, les Hassanzais leur ont dit de détaler et ils sont allés frapper à la porte des Gadouns. Mais sur ces entrefaites, on a appris que les gens d’Agraor, qui sont des rayas[1], ont aidé les gens de Nandihar et ont des « fusils du gouvernement » ; là-dessus, les Hindoustanis ont dit aux Hassanzais : « Il y a de la guerre sainte là-dedans : nous sommes à vous. »

  1. Rayas, sujets des Anglais.