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LETTRES SUR L’INDE

ne l’a su, de ses adorateurs. L’Afghan rendra justice aux vertus surnaturelles de Rundjet, et le Sikh s’agenouillera plus tard devant Nicholson, homme et Dieu. L’avatar plane sur toutes les races et sur toutes les religions.

À force d’être traqués et fusillés par les Sikhs, les Afghans les prirent en estime et en amitié. Quand les mauvais jours vinrent pour la Khalsa[1], les Afghans se levèrent pour elle et vinrent à temps pour partager la dernière défaite. Huit ans plus tard éclatait la grande rébellion et l’empire britannique était aux abois. Il fut sauvé par les Sikhs et les Afghans, combinés pour sauver leurs vainqueurs de la veille. Le génie de Nicholson, ramassant dans sa main, comme autant d’armes, la haine et le mépris du Pendjab pour l’Hindoustan, l’amour du massacre et du pillage inné au montagnard, et la fascination sur ces natures brutes d’une volonté invincible comme le destin, lança contre Delhi tous ces vaincus encore frémissants.

  1. La communauté religieuse et militaire des Sikhs.