Page:Darmesteter - Lettres sur l’Inde, à la frontière afghane.djvu/182

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
140
LETTRES SUR L’INDE

vue est splendide sur l’amphithéâtre des montagnes afghanes ; et de plus, Tila Mohammed siège souvent au tehsil comme juge criminel, dans les cas de moindre importance, bien entendu, car il ne pourrait pas pendre un homme, n’étant pas Sessions-judge. Le tehsildar, qui est accroupi dans son bureau, entouré de contribuables et de plaignants, se lève devant Tila Mohammed et lui donne un respectueux salam, car Tila Mohammed est un grand personnage et un familier du Commissaire.

Tila Mohammed est Afghan pur. Dans mon ignorance de Griffin[1], je lui demande s’il est Yousoufzai ou Afridi et ne m’aperçois qu’à son air de dignité blessée de ce qu’il y a d’offensant dans l’alternative. Les Afridis sont des paharis et des djangalis, « des montagnards, des sauvages » ; Tila est de la noble tribu des Yousoufzais. Les Yousoufzais sont, il est vrai, eux aussi, des paharis et des djangalis ; mais sa famille, à lui, a émigré à Péchawer, il y a deux siècles, et il parle l’anglais, il écrit l’anglais, il est membre du Conseil municipal de Péchawer. C’est un des hommes les plus savants de la frontière ; il parle le persan, il lit l’arabe, et il est membre du jury pour les examens de langue pouchtoue que doivent

  1. Le Griffin est l’Européen nouveau venu dans l’Inde.