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Page:Darmesteter - Lettres sur l’Inde, à la frontière afghane.djvu/275

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XI. — ABBOTTABAD ET LA VIE DE GARNISON

est revenu de Bharaich où il est aller recruter les Gourkhas, c’est la première histoire qu’on lui a servie. « Vous savez, la jument blanche du capitaine Martin. — Eh bien ? — Il l’avait vendue au Révérend John M.— 200 roupies, et le lendemain elle était tuée. — Pas possible, etc., etc. » Et je vous assure que l’histoire ne manque jamais son effet d’émotion : vous comprenez bien, les chevaux de nos amis sont nos amis. — On parlera de la jument blanche sous le mess bien longtemps. Parfois, dans la nuit, votre poney effaré pousse un long hennissement : c’est qu’il a vu passer en rêve la jument blanche, la jument blanche du Révérend.

J’oubliais une des institutions les plus curieuses d’Abbottabad, la bibliothèque. Cette bibliothèque, organisée par un officier studieux, le Major Malloy, contient environ 2,000 volumes de romans, et 2,000 volumes de voyage et d’histoire, dont la plus grande partie se rapporte à l’Inde. Toutes les nouveautés de Londres y arrivent en retard seulement de six mois, envoyées à bas prix par Mudies, quand la vogue s’est ralentie dans la métropole. Mais ce qu’il y a de plus remarquable dans la bibliothèque, c’est son organisation. Elle fonctionne d’elle-même, sans employés. Elle est ouverte du matin au soir.