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XII. — LA CONFESSION DU MOUNCHI

l’examen. Mais venez ici : je vous ferai voir des livres tels que jamais Sâb n’en a vu : je vous apprendrai de belles chansons qui réjouissent le cœur, des proverbes pleins de sens, des énigmes pleines de profondeur. » Je ne pouvais résister à un pareil langage, et je renonçai sans peine à Simla et à ses pompes vice-royales pour les belles chansons qui réjouissent le cœur.

I

Ibrahim continua : « Sâb, je n’ai pas toujours été aussi gras que vous me voyez a présent, et il fut un temps où j’étais si mince que l’on pouvait voir au travers de mon corps, comme à travers la gaze. Je suis né à Dodial. Mon père était un grand savant : il avait des livres de quoi remplir tout ce bengalow du plancher au plafond. J’avais dix ans quand il mourut, et ma mère me dit : « Ton père est mort, tu as dix ans ; il faut que tu ailles dans le monde pour étudier ; » car vous savez que c’est l’habitude, chez nous autres Musulmans, que les jeunes