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XII. — LA CONFESSION DU MOUNCHI

leur habitude de doter richement les hommes de science, qui comme on sait, s’inquiètent peu des choses de ce monde, afin de les mettre à l’abri du besoin et de l’inquiétude. Les uns leur donnaient des roupies, d’autres des terres en djaguirs[1]. Les Sikhs eux-mêmes, bien qu’infidèles, suivaient cette bonne coutume. Il y a cinquante ans, un chef sikh donna un djaguir de mille roupies de revenu à un mounchi qui lui avait expliqué le Gulistan de Saadi, et il ne se croyait pas quitte envers lui. Le Lieutenant-gouverneur, qui est un homme très vertueux et très intelligent, comprit et me répondit : Tu as raison, le gouvernement doit aux savants soit de l’inâm, soit de l’izzat (soit de l’argent, soit des honneurs). Je voudrais pouvoir te donner de l’inâm ; mais je n’en ai pas ; je veux du moins te donner de l’izzat. Tu seras fellow de l’université de Lahore ; comme fellow, tu seras durbari et dans le durbar tu t’assiéras près de moi, avec les Rajas et les Nawabs, dans le fauteuil 327. — Est-ce un grand honneur d’être Fellow, Sâb ? demanda timidement Ibrahim.

— Sans doute, Ibrahim ; tout le monde n’est pas Fellow.

— Mais à la mosquée, le vendredi, on me dit

  1. Djaguir, fief.