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XIII. — LA FIN D’UNE RACE

compagnait, reçut une flèche à la jambe. Khouchal se fit extraire la flèche avec des tenailles et vint au lit de son père. Il lui demanda de quelle blessure il souffrait le plus. Le chef répondit : « De ma blessure à la tête. » Khouchal comprit que son père était perdu. Mais Châbâz, étant très brave, ne fit pas attention à son mal, fit ses ablutions pour la prière, se découvrit la tête et prit froid. Il resta deux jours sans parole et mourut.

Il laissait quatre fils dont Khouchal Khan, âgé de vingt-sept ans, était l’ainé. Il fut nommé Khan par acclamation ; au bout de quarante jours, sa blessure étant guérie, il alla à la retraite du saint Cheikh, Rahamkâr, et lui demanda sa bénédiction. Le jour suivant, il alla en plein jour faire une razzia chez les Akâ Kheil, malgré les conseils de son oncle Behâdour Khan, qui lui disait qu’on n’avait jamais vu faire de razzia en plein jour. Il mit à feu leur village, et, comme il avait dit : « Égorgez tout ce que vous trouverez, hommes et chiens, » le sang des chiens et des hommes se mêla à flots et inonda les maisons. Sur ces entrefaites vint de la cour de Delhi le brevet de l’empereur Châh Djehân, qui le confirmait dans le fief de son père comme Khan des Khataks. Il lui confiait de plus la charge de protéger la route royale d’Attock à Péchawer.