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XIV. — DE LAHORE À PARIS

Le Collège d’Aligarh compte cent cinquante élèves, presque tous musulmans (il y a un Hindou et un Sikh). Ils apprennent le persan, l’arabe et l’anglais, les sciences et la philosophie moderne : la philosophie est professée par un Musulman : ses préférences sont pour Spencer. C’est, paraît-il, le fils d’un des Wahabis condamnés à mort dans le procès de Patna : « Il n’y a pas si loin d’Abdul Wahab au positivisme, me dit à-ce propos un des observateurs anglais qui ont le mieux compris l’Inde : le Wahabisme, c’est au fond le libéralisme de l’Islam[1]. »

La direction générale et l’enseignement classique sont aux mains de quelques jeunes gens, frais sortis de Cambridge : M. Beck, M. Cox et quelques autres ; ce sont à peu près les seuls Anglais que j’aie rencontrés dans l’Inde frayant avec les indigènes sur le pied de l’égalité : rien de la morgue insulaire, souvent inconsciente, d’autant plus insultante ; rien du mépris de race, du dédain du maître. On respire ici une atmosphère que je n’ai point retrouvée ailleurs, de confiance et d’abandon réciproque.

Les élèves sont habitués, à la façon anglaise,

  1. Voir plus haut, page 110.