Aller au contenu

Page:Darmesteter - Lettres sur l’Inde, à la frontière afghane.djvu/373

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
335
XIV. — DE LAHORE À PARIS

idole humaine. Quand elle a bien paradé le long du quai de haut en bas et de bas en haut, on la jette à la rivière, après l’avoir dépouillée de ses robes d’or et d’argent et battue à coups de bâton. Ô Français, n’est-ce pas la fin de toutes les idoles ?

Les indigènes, je dois pourtant le dire, seraient désolés de devenir Anglais. Force des principes de 89 ? des grandes vérités révolutionnaires : liberté, égalité, fraternité ? Hélas non ! L’Hindou, électeur et citoyen, avec tous ses droits à la présidence de la République, se moque bien de 89. Mais il paie 10 francs d’impôts à Chandernagor, au lieu de 30 à Calcutta.

Étonnement nouveau ! Avec tous nos fonctionnaires et sans commerce, dépensant sans produire, nous arrivons à ce résultat prodigieux de faire le bonheur de nos sujets à un tiers des frais du bonheur britannique, si économique pourtant. On le sait dans l’Inde, croyez-moi. À Péchawer, un Afghan instruit me disait que le gouvernement français doit être un bon gouvernement, car un Babou Bengali lui a dit qu’à Chandernagor on paie moins d’impôts qu’à Calcutta. La chose m’étonnait, mais elle est vraie : j’ignorais, et le Babou aussi ignorait, que les frais de nos colonies indiennes sont payés par