Page:Darmesteter - Lettres sur l’Inde, à la frontière afghane.djvu/384

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
342
LETTRES SUR L’INDE

Calcutta a eu plus d’un siècle de domination : c’est assez pour une capitale indienne. Abandonnée huit mois de l’année par les vice-rois efféminés, qui vont s’amuser et chercher l’air frais à Simla dans les hauteurs de l’Himalaya, elle proteste en vain contre l’Exode annuel qui la ruine et qui compromet les intérêts de l’Empire : imaginez le siège du gouvernement en France transporté sur quelque pic des Pyrénées, à douze heures de tout chemin de fer. Simla tient bon. Le gouvernement ne tient pas à attraper les fièvres de Calcutta et, comme l’Inde n’est pas envahie, un retard de quelques heures dans le courrier et le danger d’être coupé du reste de l’Inde n’entrent pas encore en ligne de compte : d’ailleurs, beaucoup de grands fonctionnaires ont acheté des terrains et se sont fait un home là-haut : la décapitalisation de Simla ferait un Krach dans les hauteurs. Si pourtant Calcutta arrive à ruiner Simla, ce ne sera pas à son profit : l’infidèle ne retournera pas au nid. Bombay, la capitale intellectuelle et commerciale de l’Inde dont elle est la porte, serait la capitale désignée si le climat permettait d’y résider toute l’année. Calcutta n’est la capitale de l’Inde que par raison historique et parce que la conquête a commencé par le Bengale : elle regarde vers l’Extrême-Orient ; l’Inde d’aujourd’hui est une province