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XIV. — DE LAHORE À PARIS

cantonnement anglais, fixé à Sekanderabad, à cinq milles de sa capitale.

La population est hindoue : le gouvernement et l’aristocratie sont musulmans. Il y a cinq siècles que les Musulmans venus du Nord ont fondé des royaumes dans le Dekhan : la plus illustre de ces dynasties est celle des Qoutoub Chahi, qui régnaient et qui reposent à Golconde : quinze tombes de granit regardent en face un immense mur crénelé, qui descend d’une colline dans un lac, mur hérissé de tours médiévales et qui culmine en un château noir formidable : c’est le fort de Golconde et voilà la porte, là-bas, par laquelle est entré Aurengzeb. Un palais blanc, tout récemment bâti et qui contient le trésor du Nizam, rayonne et fait tache sur le sombre du granit.

Les Musulmans de Golconde étaient Chiites ; l’imbécile Aurengzeb, Sunnite, voulait l’unité et la conformité de foi : il ne comprit pas que Golconde était l’avant-poste de l’Islam et son boulevard ; que Golconde, indépendante et vassale, était une force ; soumise, une faiblesse. Il s’empara de Golconde par trahison et envoya le dernier des rois Qoutoub Chahi mourir à Aurengabad. Le Dekhan devint province mogole, administrée par un gouverneur nommé de Delhi. Une génération ne s’était pas passée que