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Page:Darmesteter - Lettres sur l’Inde, à la frontière afghane.djvu/51

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I. — LE PONT D’ATTOCK

nier degré, derrière des portiques encore sculptés d’idoles, la vision des sept arches triomphales s’abat sur vous du lointain et vous éclate en plein visage, — par-dessus l’abîme des temps et des formes, des couleurs et des âmes, l’apparition blanche du Parthénon, aux dernières marches des Propylées, passe dans un éclair devant vous, et vous entrevoyez comment s’y prend le génie aveugle des âges pour traduire l’Acropole en arabe.

Au sortir de cette vision écrasante, reposez-vous aux bords de l’Ana Sagar, le beau lac du radja Ana : car ses nappes d’argent reflètent le croissant tremblant de la lune et le contour délicat des collines qui cachent le temple unique de Brahma et le lac trois fois saint de Pokkhar : elles reflètent aussi un petit pavillon de marbre, ouvert à toutes les brises, à tous les parfums des jardins de Daulat, à toutes les ombres et toutes les caresses de la lune qui le frôle : c’est le Baradéri de Chah Djehan, si doux à la fantaisie du prince qu’on l’appelait « le cœur du Padichah », doux et lointain reflet de la splendeur mogole et des enchantements d’Agra.