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LETTRES SUR L’INDE

IV

Delhi la Royale ! Delhi l’Impériale ! Delhi la sanglante ! Je n’ai eu que quatre jours à me traîner dans tes ruines et tes tombes : ce sera le regret éternel de ma vie.

Pendant deux mille ans le cœur de l’Inde a battu là, quelle que fût la couleur du sang, aryen, turc, afghan, mogol, que la poussée de l’invasion y lançait. Qui voudrait aspirer d’un trait l’Inde de Brahma et l’Inde d’Allah, qu’il fasse, pierre par pierre, les quarante-cinq milles carrés que Delhi en marche, le long de la Jumna, a peuplés de ruines et de fantômes.

Si vous aimez la légende, vous irez d’abord à la ville d’Indra, Indrapat ; regardez bien, et vous verrez peut-être passer au galop de leur cheval les cinq fils de Pandou avec Draupadi et vous entendrez le cliquetis des batailles du Mahabharata. Allez de là au pilier d’airain du dernier radja, Prithurao ; le pilier s’enfonce dans la terre à des profondeurs inconnues et l’oracle disait que, si