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Page:Darmesteter - Lettres sur l’Inde, à la frontière afghane.djvu/94

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LETTRES SUR L’INDE

l’empire mahratte étouffé. L’Inde érair aux pieds d’Ahmed Chah, la couronne du Grand Mogol était dans sa main : il dédaigna l’une et l’autre. Il sentit que le génie de sa race était tout puissant pour détruire, impuissant pour organiser ; il eut le courage d’être modéré, et il rentra à Candahar, chargé de dépouilles, laissant derrière lui la ruine de deux empires et l’Inde à qui daignerait la prendre ; les marchands de Madras mirent quarante ans à deviner ce secret d’État.

L’empire dourani se disloqua après la mort d’Ahmed Chah : l’histoire de ses trois successeurs, Timour (1773), Zeman Chah (1793), Mahmoud Chah (1800), n’est que l’histoire du démembrement continu : les provinces conquises retournent une à une à leurs destinées indépendantes. Les rois afghans, renonçant à la politique d’Ahmed Chah, ont voulu régner à la façons des rois de Perse et porter la main sur l’indépendance des tribus : c’est le signal des conspirations et des guerres civiles. Mahmoud Chah passe son règne à se défendre contre un prétendant toujours malheureux et toujours menaçant, son oncle Chah Choudja : il triomphe enfin par l’énergie de son premier ministre, Fatteh Khan, chef du clan Baroukzai : c’était le clan le plus puissant et le plus illustre des Douranis