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i8-ig.

La Dioptrique. — Discours II.

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ou moins que ne faiſoit l’air que nous y ſuppoſions auparauant, ce n’eſt pas a dire pour cela qu’il doiue plus ou moins la détourner : car il ſe peut ouurir, | pour luy faire paſſage, tout auſſi facilement vers vn coſté que vers vn autre, au moins ſi on ſuppoſe touſiours, comme nous faiſons, que ny la peſanteur ou légèreté de cete bale, ny ſa groſſeur, ny ſa ſigure, ny aucune autre telle cauſe eſtrangere ne change ſon cours. Et on peut icy remarquer, qu’elle eſt d’autant plus détournée par la ſuperſicie de l’eau ou de la toile, qu’elle la rencontre plus obliquement, en forte que, fi elle la rencontre a angles droits, comme lors qu’elle eſt pouſſée d’H vers B, elle doit paſſer outre en ligne droite vers G, ſans aucunement ſe détourner. Mais ſi elle eſt pouffée ſuiuant vne ligne comme AB, qui ſoit fi fort inclinée ſur la ſuperſicie de l’eau ou de la toile CBE, que la ligne FE, eſtant tirée comme tantoſt, ne coupe point le cercle AD, cete bale ne doit aucunement la pénétrer, mais reiaillir de ſa ſuperſicie B vers l’air L, tout de mefme que fi elle y auoit rencontré de la terre. Ce qu’on a quelquefois expérimenté auec regret, lorſque, faiſant tirer pour plaiſir des pièces d’Artillerie vers le fons d’vne riuiere, on a bleſſé ceux qui eftoyent de l’autre coſté ſur le riuage. Mais faiſons encore icy vne autre ſuppoſition, & penſons que la bale, ayant eſté premièrement pouſſée d’A vers B, eſt pouſſée derechef, eſtant au point B,