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Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XII.djvu/195

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en doute, c’est que l’on ne connaît pas bien encore deux sciences préliminaires, l’Anatomie et la Mécanique : l’une, qui nous apprendrait combien d’organes possède le corps humain, et l’autre, ce que peut faire une machine artificielle, œuvre de l’industrie humaine, à plus forte raison une machine naturelle, chef-d’œuvre de Dieu lui-même[1]. Descartes s’était exercé à Paris, avec d’habiles artisans, à construire de petits automates ; et il avait eu sous les yeux des modèles en grand, dans les jardins royaux de Saint-Germain-en-Laye.

Bientôt il lira aussi le livre de Harvey sur le mouvement du cœur, De motu cordis, publié en 1629. Il en parlera en 1637 ; mais il ne l’avait pas lu encore, lorsqu’il écrivit son Traité de l’Homme en 1632[2]. Aussi le cœur n’est-il pas pour lui, à cette date, a comme le grand ressort et le principe de tous les mouvements de notre machine[3] ». Descartes parle cependant déjà de la circulation du sang, mais sans qu’on puisse dire si lui aussi en avait eu l’idée, ou bien si, tout en n’ayant pas lu le livre de Harvey, il savait cependant, pour en avoir entendu parler, ce qu’il contenait : de fait, à plusieurs reprises, il rendra au médecin d’Angleterre, comme il l’appelle, cette justice « d’avoir le premier rompu la glace en cet endroit » ; il lui renvoie toujours l’honneur de la découverte, en ce qui concerne la circulation[4].

Toutefois, en 1632, Descartes commence par mettre sur le même plan, digestion et respiration, puis le pouls ou le battement du cœur et des artères, enfin la nutrition, sans paraître donner plus d’importance à l’une qu’à l’autre[5]. Ce sont les prin-

  1. Tome XI, p. 120, l. 15-24 ; et t. VI, p. 55, l. 29, à p. 56, l. 9.
  2. Tome I, p. 263, l. 8-12.
  3. Tome XI, p. 226, l. 27-29, et p. 245, l. 15-17, textes de 1648. Voir aussi en 1637, t. VI, p. 46, l. 29-31.
  4. Tome VI, p. 50, l. 24-26, en 1637. Et en 1648, t. XI, p. 239, l. 12-15.
  5. Tome XI, p. 121-123 (digestion), p. 123-124 (respiration), p. 123 et 124-125 (pouls), p. 125-128 (nutrition), et p. 201-202 (résumé). Voir aussi t. I, p. 263, l. 3-5, en 1632 ; et t. VI, p. 53, l. 8, à p. 54, l. 13. Correction, t. I, p. 263, l. 3, lire decrit, au lieu de écrit.