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Polémiques. 247

12 août, à laquelle Descartes riposta longuement encore, le 12 septembre, toujours dans le même style. Morin révint à la charge une troisième fois, en octobre ; mais comme il ne s'attendait plus à une réponse, Descartes le prit au mot, et s'en tint là désormais*. On se demande si, au fond, il ne s'était pas moqué de son adversaire ? Affectant de le prendre au sérieux, et se mettant lui-même en frais pour répondre, il pensait sur- tout à ses lecteurs, au cas où l'on imprimerait objections et réponses. Car, en dépit de ses compliments, il ne s'était point hâté : il s'en excusait à Mersenne, le 3i mars, le 17 mai, le 29 juin "i il n'avait pas le temps, et d'autres affaires pressaient davantage. Il ne répondit, en somme, que le i3 juillet à des objections du 22 février ! Puis, il reconnut vite que ses pensées et celles de Morin, au lieu de se rapprocher, devenaient de plus en plus divergentes. Un petit fait, surtout, dut l'éclairer : à la fin de sa seconde lettre, du 12 août, Morin, tout joyeux, annonce à Descartes, qu'il vient de découvrir, par hasard, sa « matière subtile » ; il l'a vue voltiger dans un rayon de soleil qui passait par la fente d'une fenêtre ^ Descartes fut édifié : Morin n'avait rien compris à sa théorie, et il était inutile de s'attarder avec un tel adversaire.

Il en est un autre à qui il refusa toujours de répondre, bien que Mersenne, sans se lasser, l'en priât presque à chaque cour- rier pendant plus d'un an. Mais Descartes ne voulut pas lui faire cet honneur : on ne se retourne pas, disait-il, contre un petit chien qui aboie dans la rue et ne saurait mordre '^. C'était Pierre Petit', intendant des fortifications, curieux de choses

a. Tome II, p. 43-, 1. 4-10 : lettre du i5 nov. i638.

b. Ibid.,p.SS, 1. 4-1 5 ; p. 145, 1. 17-21,61 p. i52, 1. 22-24; p. 191,1.24-25

c. Ibid., p. 304, 1. 28 à p. 3o5, 1. 5. Réponse de Descartes : p. 372- 373, du 12 sept. i638.

d. Ibid., p. 267, 1. 8-9 : p. 533. 1. t3-i5 ; et p. 542, 1. 9-i.i.

e. Petit (Pierre), né a Montluçon, le 3 1 déc. i 598, mourut à Paris, le 20 loùt 1677. Baillet lui donne, à la date de i637-i638, t. I, p. 326, la qualité de « Commiffaire provincial de l'Artillerie et d'Ingénieur » du Roy »; plus tard' seulement, en 1646, t. II, p. 3^8, il l'appelle « Intendant des Fortifications ».

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