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Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XII.djvu/424

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mouvement[1] : faute de cette connaissance, il ne s’est pas douté, qu’il attribuait à la Terre encore plus de mouvement que ne faisait Copernic, qu’il prétendait cependant corriger. Nous avons indiqué déjà l’hypothèse de notre philosophe : la Terre n’est pas isolée ; une matière fluide dont elle est le centre, l’environne comme un tourbillon, et c’est ce tourbillon qui se meut lui-même autour du Soleil, tandis que la Terre demeure immobile au centre. Entendez par là qu’elle ne quitte point le voisinage des corps qui la touchent immédiatement, pour se transporter dans le voisinage d’autres corps semblables ; car c’est en cela, nous l’avons vu, que consiste tout le mouvement. Certes, la Terre ne se meut pas, si l’on veut, par rapport aux corps tout proches dont le tourbillon est composé, pas plus que par rapport aux corps infiniment éloignés, comme les Étoiles fixes, auprès desquelles non seulement elle-même, mais le cercle qu’elle décrit, n’est qu’un point[2] : cependant son tourbillon se meut, et l’emporte avec elle ; et alors, ne la fait-il pas ainsi changer de position dans l’espace par rapport au Soleil ? C’est bien là, ce semble, la question à laquelle, en définitive. Descartes n’échappe pas. Peu importait d’ailleurs : il pouvait soutenir que, le mouvement étant tel qu’il l’a défini, on ne saurait dire que la Terre se meut. Si les théologiens ne sont pas satisfaits, qu’ils proposent une autre définition : qu’ils disent, s’ils le peuvent, qu’est-ce donc en réalité que le mouvement ?

Après cette hypothèse astronomique, qui ne se rapporte qu’au système particulier du Soleil et des Planètes, Descartes expose son hypothèse physique, qui doit expliquer tout l’Univers[3]. Mais que les théologiens ne prennent point

  1. Art. xviii et xxxviii. Tome VIII, p. 85-86 et p. 96. En particulier, p. 85, l. 29-30, et p. 96, l. 13-14. Voir aussi t. IX (2e partie), p. 109 et p. 119-120.
  2. Art. xl. Tome VIII, p. 97 (en particulier, l. 26-28) à p. 98. Tome IX (2e partie), p. 121.
  3. Art. xlvi, lequel est capital. Tome VIII, p. 100-101 ; ou t. IX (2e partie), p. 124-125.