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6io Vie de Descartes.

« Sur la proposition de son président, l'Assemblée renvoya cette » pétition à l'examen du Comité de Constitution. Elle ne fut rap- » portée que le i^ octobre 1793, par Marie-Joseph Chénier, qui » proposa à la Convention, au nom du Comité d'instruction » publique, de placer Descartes au Panthéon. Son discours très » éloquent détermina l'Assemblée à rendre ces décrets :

DÉCRETS

DE LA

CONVENTION NATIONALE

Des 2 et 4 octobre lygS, l'an second de la République Françoise

une et indivisible,

qui accordent à René Descaries les honneurs dus aux grands Hommes, et ordonnent de transférer au Panthéon François son corps, et sa Statue faite par le célèbre Pa/oii.

i". Du 2 Octobre.

La Convention Nationale, après avoir entendu le rapport de son Comité d'instruction publique, décrète ce qui suit :

Article Premier. René Descartes a mérité les honneurs dus aux grands hommes.

» gens de ce nom, qui ont reçu à ce titre une petite pension de l'ancien » gouvernement, et à qui je voudrois bien que l'Assemblée nationale la » conservât. » Cette note, qui prouve le bon cœur de Condorcet, est tout de même assez piquante : le philosophe du xviii" siècle reconnaît que l'ancien gouvernement, à qui il vient de reprocher son ingratitude envers le philosophe, accordait toutefois une pension à deux jeunes gens, comme portant le nom de Descartes ; et bien que ce fut indûment, il souhaite que le nouveau gouvernement continue de les pensionner. L'Intermédiaire ajoute, en note, que, selon le Moniteur du i5 janvier 1819, on pouvait voir, dans une des salles de l'hôpital Saint-Louis, le dernier descendant de Descartes, portant son nom, et qui venait d'obtenir une pension de Sa Majesté. — Remarquons, comme signe du temps, le langage de Condorcet à cette date de 1791, et comme signe d'un autre temps, celui de Silvestre de Sacy, au nom de l'Académie des Inscriptions, lors du transfert à Saint-Germain-des-Prés, le 26 février 1819. Il fera l'éloge de « ce philosophe religieux, qui enseigna aux hommes à arriver à la vérité » parle doute, mais qui leurapprit aussi par son exempleà ne pas franchir » les limites que la divine sagesse a mises en nos facultés ». Ainsi chaque génération 'la nôtre comme les précédentes; se figure toujours (en dépit de la vérité historique) un Descartes à sa propre image et ressemblance.

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