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la traversée du lac

Il chargera du signal son bon ange. Dès quatre heures, ses yeux s’ouvrirent. Des flots de lumière vive et rose inondaient la mansarde, baignaient sa couchette blanche, l’attirèrent de force joyeuse à la lucarne ronde regardant l’orient.

Ô soleil !

Une infinie vapeur, respiration du sol, haleine fraîche et parfumée, s’élève… monte… gaze légère, ou prière silencieuse, psaume d’aurore, versets d’amour… vers Lui !

Quel tressaillement universel !

Le soleil !

Les feuilles s’agitent aux souffles du matin. Les fleurs s’ouvrent, boivent la lumière, se colorent dans l’éclat brillant des rayons. Toutes les verdures ont secoué les poussières de la veille, ont pris leur bain de rosée… Leur roi peut venir : elles seront belles !

Et voici le concert, l’harmonie matinale : tous les oiseaux font leur partie, sans jalousie ni règle tracée… l’instinct. La petite poitrine palpitante où vibre un cœur ! Ah ! c’est l’amour ; c’est mieux que la fleur : c’est la vie doublée merveilleusement du sentiment. L’oiseau chante parce qu’il aime. Et s’il ne connaît pas son Créateur, ses trémolos, ses trilles, ses roulades, parfois sa pauvre note uniforme et terne sont une louange quand même à Dieu.