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le p’tit gars du colon

Non moins active et songeuse, là-bas, sous le toit de ses parents, celle qui doit venir au printemps, préparera l’humble trousseau.

François avait fixé la tente, brassé la couche molle et odorante de branchettes de sapin, puis dormi tout d’un somme, cette première nuit, dans la forêt calme de son domaine.

Au point du jour, il avait choisi l’arbre qui tomberait avant tous les autres ; un bouleau magnifique. Fiévreusement, il passa la pierre sur le taillant neuf de sa bonne hache ; elle brilla, joyeuse et décidée, sous le rayon de novembre ; il fit sans hâte, pour l’aide de Dieu, son signe de croix… Et vlan ! Et vlan ! Des copeaux volent et revolent ; des éclairs passent et repassent… l’acier dans le soleil montant ; des craquements sinistres ; un bruit sourd : le choc lourd de l’arbre tombant, s’écrasant dans un linceul de neige froide, sur tous les petits cadavres des feuilles jaunies et froissées de l’automne.

∗∗∗

Deux mois furent vite écoulés ; Noël ramena le cher absent, qui retourna, à sa terre, après « les fêtes ».

Trois mois encore : long carême de labeur et de séparation…

Quand carillonne l’alleluia pascal, François est revenu.