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le p’tit gars du colon

tre bout, très loin, au pas régulier de l’attelage ! Qu’il est fort, mon papa, songe le bambin galopant, trébuchant, heurtant les mottes derrière la lourde fendeuse du bon sol ! Qu’il est habile ! On s’est retourné près du bois, à cette lisière où s’arrête le labour.

— Regarde, petit, est-ce tiré droit un peu, la belle rigole fraîche ?

Une beauté nouvelle entre parmi les idées premières de l’enfant.

Peut-être, aussi, trouve-t-il que son père est courageux ; il l’a suivi deux, trois longs tracés… Cette fois tout repart, sauf lui qui s’étale sur la mousse, au pied d’un tremble où, parmi les bourgeons entr’ouverts, sautillent et babillent des mésanges revenues.

Plus tard, paraîtront la faux large pour les foins, la faucille des blés mûrs, la hache d’automne entamant l’abatis.

Misère ! se dit petit François, soulever tout cela : quel poids ! Jamais, jamais je n’arriverai…

Tu crois, petit ? Laisse-toi grandir, laisse les forces te venir dans l’air vivifiant des campagnes résineuses… Tu verras se renouveler pour toi, cher enfant des terres neuves, le beau miracle des vaillances indomptables.

Entre temps, il écoute ; il retient le nom de tous les instruments, de toutes les occupations de cette