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les premières leçons

ses enfants des mille incidents quotidiens.

— Ah ! mes chers trésors, la poule nous dit bien des choses : charité pour tous, recevez sous votre toit les malheureux… les orphelins…

Ce mot lui fut dur à prononcer.

Elle le répéta cependant, lentement, avec une émotion qui fit lever les yeux tout chagrins aux chers innocents. Les orphelins… qui n’ont plus de maman, comme le petit poussin blanc, comme les deux petits canetons. La poule les aime autant que les petits noirs qui sont bien à elle.

— Ainsi, mes enfants, dans nos foyers canadiens sont recueillis, réconfortés sous l’aile d’un même amour, les petits dont la maman est partie pour le ciel.

Elle n’en sut dire davantage : des larmes lui montaient aux paupières.

Cette pensée de la mort lui revenait sans cesse.

Elle songea très vite que ses poussins trouveraient l’abri d’un cœur charitable ; elle sourit pour consoler les deux enfants que sa tristesse soudaine alarmait. On passait près du four rustique, fait de glaise durcie, pauvrement préservé des neiges et du soleil sous un toit d’écorces mal jointes :

— Tenez, mes enfants, j’oubliais : c’est jour de cuisson. Vous allez préparer le bois.

La besogne nouvelle plut énormément ; ce fut l’heureuse diversion.